Histoire de l'Église

L’église Saint Léger

Il est vraisemblable que l’église ait été bâtie à partir du prieuré qui existait depuis le XIIIème siècle sur le territoire de la commune et qui appartenait en 1630 à l’abbaye de Saint Germer de Fly. La construction de l’église a sans aucun doute favorisé le développement du village.
À l’image du village, l’église par sa petite taille évoque davantage une chapelle mais elle n’en est pas moins attachante. Le Chœur terminé par une abside à trois pans est construit dans une pierre crayeuse que l’on trouve fréquemment dans la région et appareillée avec le plus grand soin, ce travail de précision exécuté par des maîtres artisans pouvant laisser penser qu’il avait été financé par les notables locaux.
Un petit clocher en charpente et ardoises s’élève au-dessus de l’entrée, comme souvent à cette époque.



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Coeur


Le Choeur est éclairé par cinq fenêtres, quatre étant de simples ouvertures en plein cintre tandis que celle qui est percée dans le mur de chevet, beaucoup plus grande et dont l’ébrasement extérieur est finement mouluré, comporte un réseau flamboyant qui est de facture typique du XVIème siècle. Cette date est confirmée par la charpente et le style de la petite piscine liturgique qui s’ouvre à droite de l’autel.
Le Chœur est juxtaposé à une courte nef et séparé de celle-ci par une étroite arcade en cintre brisé. La nef, visiblement rajoutée par la suite au XVIIème siècle, est d’une construction plus « grossière » financée sans doute par la population des environs. Le collage de maçonneries visible juste avant le chœur, au nord comme au sud confirme cette facture du XVIIème. Contrairement au chœur, aucun contrefort ne l’épaule. Les arêtes du mur-pignon de la façade ont été montées d’origine en briques, un procédé plus simple à mettre en œuvre que la pierre utilisée, elle, pour le mur-pignon du chœur, que couronne une croix antéfixe.

Porte Eglise


A l’entrée de la nef se trouve une remarquable « cuve baptismale à infusion » ou fonts baptismaux en calcaire taillé, poli et décoré dans la masse d’une manière frustre de godons (cornets) et de doubles colonnettes aux angles. Cette cuve baptismale, attribuée à un atelier de Villers-Carbonnel, date du début du XIIIème siècle et provient donc sûrement du prieuré. Elle se trouvait reléguée dans le jardin du presbytère avant son classement au Patrimoine National le 25 janvier 1913.

Fonds Baptismaux

L’église est dédiée à Saint Léger fêté le 2 octobre. Issu d'une vieille famille franque de la région de Poitiers, apparenté aux nobles burgondes, bon évêque d'Autun à partir de 663, il est mêlé de très près aux luttes entre la Burgondie (Centre et Est de la France) et la Neustrie (Nord de la France). Contre la tendance centralisatrice de la Neustrie, il défend les usages et l'autonomie de la Bourgogne. Mais Ebroïn, le maître du palais de Neustrie assiégera Autun. Pour épargner la famine à sa ville, saint Léger se livre. Il a les yeux brûlés et la langue coupée et est recueilli chez des religieuses à Fécamp où il retrouve miraculeusement la parole. Deux ans après, il sera assassiné, dans une forêt, non loin de Doullens au nord d’Amiens.
Un concile d'évêques proclame sa sainteté en 681, pour des raisons politiques, l’Église cherchant à exploiter l'exemplarité du défenseur des droits contre le pouvoir royal.
La renommée de saint Léger se développe rapidement et fait de lui l'un des saints les plus populaires du Moyen-Âge en France.
'La complainte de saint Léger, écrite en 970, sera l'un des tout premiers textes littéraires de la langue romane, qui commence à devenir une langue populaire.
Déjà à l’époque Saint Léger n’incarnait-il pas le pot de terre contre le pot de fer et n’est-il pas surprenant que ce saint soit le patron du village, petite commune au sein d’une communauté de communes qui par certains aspects peut être vue comme le pouvoir royal ?
Saint Léger est représenté dans l’église par une superbe statue en plâtre et inscrite à tort au Patrimoine le 6 juillet 1987 comme étant en bois.

Clergé
Nef
Eglise int arr

Depuis 2011, l’église a fait l’objet de nombreux travaux de restauration, depuis le sol jusqu’au clocher en passant par les murs extérieurs et intérieurs, les bancs, la porte et la grille d’accès permettant l’été aux passants de voir l’intérieur de l’église. Tous ces travaux financés en partie par le département, la fondation d’Olivier Dassault (député de la circonscription) et d’Olivier Paccaud (sénateur de l’Oise) et la Communauté de Communes ont permis de rendre à l’église du village son lustre d’antan et d’accueillir une messe paroissiale deux fois par an.

https://www.eglisesdeloise.com/monument/gouy-les-groseillers-eglise-saint-leger
Daniel Delattre : Canton de SAINT-JUST-en CHAUSSEE
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